De vierdaagse

dimanche 26 juillet 1998

Retour de Nimègue :

De Vierdaagse

C’est une marche de 4 jours, organisée depuis 1908 aux Pays-Bas. Y participent quelque 35 000 marcheurs venus d’une petite cinquantaine de pays.
Pendant longtemps j’ai boudé cet événement, ne comprenant pas que ces milliers de personnes consentent à battre le pavé pendant quatre jours. Car il s’agit bien de cela : le terrain est principalement constitué de macadam … et puis cette promiscuité, très peu pour moi.
Charles finit par me convaincre de vérifier ses dires sur place : l’ambiance, disait-il, était unique.
Comme c’est vrai !Ici, on voit les Hollandais sous leur meilleur jour : accueillants, détendus, impeccablement organisés, écolos, généreux.

En quête d’un logement chez l’habitant, Charles obtient des organisateurs (la KNBLO) une adresse chez un couple absolument charmant. L’année suivante, il s’adresse directement à la famille.

Quand nous arrivons, nos hôtes nous offrent immédiatement le café et bientôt, Charles propose de régler notre note. Piet et Annie refusent. Charles pense qu’ils préfèrent attendre la fin de la marche. Ils disent non, nous ne voulons pas que vous payiez. Nous, assez stupéfaits. Piet est concierge dans une école et Annie travaille à mi-temps comme laborantine.

Leur maison est impeccable, mais modeste. Ils ont une fille, Klaartje, qui couche par terre, dans le salon, pour nous céder sa chambre. De plus, cette année-ci, elle a fait quatre fois quarante km pour la première fois de sa jeune vie. Elle a seize ans.
Deux jours plus tard, je dis à Piet qu’il refuse une somme quand même importante. Et il me fait cette merveilleuse réponse : mais, tu sais, nous sommes riches.
Il y a effectivement des riches qui sont plus pauvres que Piet et Annie.

Charles me fait la remarque que l’on voit beaucoup de handicapés aux Pays-Bas et je soupçonne que si chez nous on en voit moins, c’est parce qu’ils sont moins visibles. Le long du cortège final où se pressent 500 000 personnes, on voit des groupes en chaise roulante, des vieux.

Des étudiants sont juchés sur les toits. L’atmosphère est délirante. Les marcheurs qui viennent de peiner sur quatre fois cinquante ou quarante km, selon qu’ils ont moins ou plus de cinquante ans, sont fleuris, applaudis, acclamés. Malgré la fatigue, ils ont des ailes.

Le dernier jour, les magasins ferment vers 13 heures pour que tout le monde puisse assister au défilé. Cinq cent mille personnes viennent regarder passer des marcheurs, pas des bolides ou des cyclistes, des « bêtes » (simples) marcheurs.

Sur le parcours, peu de Belges. Charles se fait dépasser par un compatriote arborant le drapeau national et lui dit que cela fait plaisir de rencontrer un Belge. Celui-ci lui répond par un regard vide et absent. Évidemment, il appartient à l’autre « minorité ». La même chose m’est arrivée. A pleurer. Ma foi, c’est comme ça.

Total : nous aurions beaucoup à apprendre de nos voisins du Nord et pas seulement du point de vue de la convivialité et de la coexistence. Arriver à gérer 35 000 marcheurs de façon aussi efficace est impressionnant.

Rouler à vélo les maintient en forme et a tous les effets bénéfiques connus.
Je généralise sans doute, mais il n’en reste pas moins que nos voisins bataves ont le sens de la fête et qu’ils sont de toute évidence moins maussades que nous.

En outre, ce pays respire l’humanité. Nous assistons à une scène sur un pont ferroviaire où un malade mental sans doute, a grimpé tout en haut de l’arche qui surplombe la voie. Les trains passent au pas et deux policiers essaient de persuader l’homme de descendre. Celui-ci parle de paix. Il fait cela pour la paix. Il finit par redescendre de l’autre côté.
Le lendemain, je lis dans le journal que c’est le deuxième pont qu’il escalade et qu’il n’a pas été inquiété.

Bien sûr le Vierdaagse a son site sur Internet où vous trouverez tous les renseignements pratiques. Vous pouvez écrire aux organisateurs en français; il se trouvera certainement quelqu’un pour vous répondre dans cette langue.http://www.4daagse.nl/

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