Yamdi el waqt bi soura.

Le podcast (Damas : vie quotidienne début 2003, complète le texte)

Filed under: Blog — annie at 3:22 pm on Thursday, January 30, 2003 Edit This

Janvier 2003

Traduction: Le temps avance rapidement ; je suis presque à la moitié de mon séjour. Je ne me rends pas compte que je suis en Syrie tellement je me sens chez moi. Tout se passe sans accrocs ; je me sens transparente.

Le temps

Un temps de printemps. Les chats s’y croient déjà et c’est un vacarme de cours d’amour, jour et nuit.

Les examens

Ils se sont terminés aujourd’hui (le 18 janvier). Je me suis assez bien débrouillée. Je vais retrouver la plupart de mes condisciples le prochain semestre.
En attendant, je vais me payer de vraies vacances car le rythme a été soutenu pendant quatre mois. La résistance a toutefois rapidement augmenté à l’usage, et j’arrivais très bien à étudier six heures tous les jours.

La guerre en Irak

Dans ma classe à l’Institut, nous avons décidé de rester si les Américains envahissent l’Irak. Toutefois, si l’ambassade de Belgique me disait de plier bagage, je serais bien obligée de partir.

Les Néerlandais ont reçu un pré avertissement et les Allemands ont recensé leurs ressortissants en Jordanie.

Saddam, et d’ailleurs Oussama, ont peu de partisans ici, mais cela ne veut pas dire que les Syriens appuient Bush.

Le réveillon

J’ai enterré 2002 dans un merveilleux endroit, le Palais des Ommeyades, photos ci-dessous.

Ce qui fait son charme, c’est de toute évidence le cadre, mais aussi Samir, le patron.


Après avoir restauré une véritable ruine, il voulait en faire un musée, mais il a finalement décidé d’ouvrir un restaurant. Samir est Palestinien et son épouse Syrienne. Les Palestiniens sont beaucoup mieux traités en Syrie qu’au Liban par exemple où ils sont exclus de nombreuses professions. Ici, sans avoir accès à la nationalité, ils ont les mêmes droits que les Syriens.

C’est le seul endroit de Damas où vous verrez un vrai derviche tourneur. A l’occasion de la nouvelle année, il est accompagné de son fils qui tourne lui aussi. Je sais : j’ai oublié mon appareil photo.

Cœur d’or, Samir est extrêmement généreux, qualité très appréciée chez les Arabes. Pendant le ramadan, il invite plusieurs groupes d’orphelins dans son restaurant. Chez lui, l’atmosphère est à la simplicité, mais le buffet oriental est excellent. Pour cette Saint Sylvestre, il n’y avait que des Syriens accompagnés de leur famille, enfants compris.

Bien que fréquenté par les touristes, l’endroit n’a pas été déserté par les locaux.

Un soir, j’y rencontre un descendant direct de Charlemagne. Me voilà lancée dans le beau monde. J

A la recherche des Arabes

Qui est Arabe ici ? Toi, mon amie syrienne, tu es chrétienne, mais quand même Arabe ? Non, je suis Syrienne.
Et toi, l’ami, tu es Syrien ? Oui, mais je suis Arabe.
Les autres sont Turcs (500 000), Kurdes (1 million), Arméniens, Tcherkesses, descendants des croisés, des Grecs, des Romains, des Phéniciens, le vrai melting pot en somme. Ce qui les unit, c’est la langue, la nationalité et pour les 80% de musulmans, la religion. Le grand Saladin était musulman avant d’être Kurde.

Les églises

Elles sont nombreuses à Damas. Voici une église orthodoxe, Sainte- Croix, près de Bab Touma.

La rue en tant que lieu de travail

Le matelassier

Dans mon enfance bruxelloise on lui portait les matelas en laine pour qu’il les lave et les retape.

Les marchands de tapis

A côté des magasins spécialisés, il y a des marchands qui installent leur commerce dans la rue avant le premier froid. Dans les maisons, on remise les tapis quand la chaleur revient.

Le bureau de rue

On voit de petites tables en pleine rue sur lesquelles on remplit des questionnaires. Ce sont aussi des écrivains publics bien que le taux d’alphabétisation soit élevé.

Le dernier hakawati0

Filed under: Blog — annie at 3:42 pm on Friday, January 31, 2003 Edit This

Le Hakawati

C’est un conteur professionnel.
Il lit une histoire à épisodes que l’on peut entendre tous les jours à 17 heures au Nawfara. Il a ses fidèles qui viennent suivre le feuilleton quotidiennement.

Voici le chemin du Nawfura (il longe la mosquée des Ommeyades) et deux vues de sa terrasse.

Le conteur s’appelle Rasheed El Hallak /Abou Shadee, ce qui veut dire père de Shadee.

Après un long préambule dans lequel il rend hommage aux grands hommes du passé, il aborde le vif du sujet.

Je l’avais vu en mai lors de mon voyage de reconnaissance et je n’avais rien compris.

A présent, je distingue quelques mots, mais il y a peu d’espoir que je m’initie bientôt aux péripéties de ses récits sur le Sultan Beybars entre autres (un des héros de la lutte contre les croisés ; il leur a notamment repris le krak des chevaliers). Mon beau-frère, qui connaît très bien l’arabe, comprend à peine mieux que moi car le hakawati parle en arabe populaire syrien avec de surcroît un fort accent. Il lui arrive cependant de lire des textes en fous-ha. Après le spectacle, il me laissera regarder ses antiques calepins tous écrits à la main qui lui viennent de générations de prédécesseurs.

Le spectacle en vaut la peine : qu’il s’agisse d’observer les échanges d’Abou Shadee avec le public, de le voir s’interrompre pour réclamer un verre de thé ou pour toiser les bavards, de regarder les habitués tirer sur leur narguilé (vous ai-je dit que l’on dit « boire » un narguilé en arabe ?) et SURTOUT d’attendre le moment où il brandit son épée et frappe le tabouret qui ne lui a rien fait.
Tout le monde pousse un HEY ; suit une attente délicieuse car il y aura peut-être un deuxième et un troisième coup. On sert du café arabe dans de petites tasses qui passent des uns aux autres.

Voici quelques photos.

Abou Shadee est malheureusement le dernier de sa dynastie.
N’il y aurait-il pas quelqu’un pour reprendre le flambeau ?
Mon amie guide touristique, laissée sur la grève par un tourisme qui se dérobe, lui demande si elle a ses chances. Il l’encourage à se lancer. Et nous sommes en Syrie, et il s’agit d’une femme !

Le podcast (Damas : vie quotidienne début 2003)

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